La réunion de deux jours contre trois initialement prévu a été ouverte à Brazzaville le mercredi 21 mars 2018 par Arlette SOUDAN NONAULT, ministre du tourisme et de l’environnement de la République du Congo. La réunion de Brazzaville qui réunit plusieurs experts, institutions et organismes œuvrant dans le domaine de l’environnement venus du monde entier, affiche clairement ses ambitions. Il s’agit de faire le plaidoyer pour une meilleure prise en compte du rôle des tourbières dans les synergies mondiales, continentales et même pays, concernant la lutte contre l’émission des gaz à effet de serre comme le carbone. Aussi, la mise en place de politiques de compensations en faveur des communautés figure-t- elle en bonne place des préoccupations des participants.
Le ministre de l’environnement et du développement durable de la République Démocratique du Congo , Amy AMBATOBE NYONGOLO , s’est montré peu diplomatique en indiquant dans son mot de bienvenue aux participants que : « Sans avoir la prétention de rappeler à cette auguste assemblée les trois piliers du développement durable que sont l’environnement, le social et l’économie, nous devons avoir à l’esprit que les tourbières de nos deux pays ( NDLR : le Congo et la RDC) ne doivent pas uniquement servir à l’atténuation du climat mondial. La conservation doit ouvrir des passerelles vers la réduction significative de la pauvreté des populations locales et des peuples autochtones, tout en contribuant à l’objectif de croissance économique inclusive au niveau national que s’est fixé notre gouvernement ». La prise en compte de la cause des populations locales a aussi été évoquée par Arlette SOUDAN NONAULT dans son discours d’ouverture : «… la présentation de la Biodiversité de la cuvette centrale, et des espèces inféodées à cet écosystème, ainsi que des espèces commerciales à fort potentiel pour l’amélioration de la qualité de vie des populations locales ». Elle a en outre présenté les enjeux de la réunion de Brazzaville : « L’occasion nous est offerte d’échanger sur les connaissances techniques, les outils et approches pour la surveillance des tourbières , les facteurs contribuant à la dégradation des Tourbières, l’inter relation entre l’hydrologie, les forêts et les sols dans les zones couvertes par les tourbières , l’évaluation des stocks de carbone et scenarios futurs résultant du développement industriel (agro-industrie, exploitation minière et pétrolière) , la Gestion des feux dans les tourbières: Outils, technologies et approches , l’état des lieux de la conservation et gestion durable des tourbières de la cuvette centrale ».
Il convient de rappeler que la découverte des tourbières du bassin du Congo est récente. Ainsi, a indiqué lors des panels le ministre RD Congolais, son pays travaille à leur intégration dans le code forestier.
Les tourbières du bassin du Congo qui s’étendent au Congo et en RDC occupent une superficie de 145 mille kilomètres carré (soit la superficie de toute l’Angleterre) et séquestrent 30 milliards de tonnes carbones. La déforestation constitue une menace pour ces géants puits de carbone car, le rejet dans l’atmosphère des gaz à effet de serre « constituerait une atteinte dramatique à l’accord de Paris », a indiqué Arlette SOUDAN NONAULT.
La réunion de Brazzaville organisée grâce à l’appui technique et financier d’ONU Environnement connait la participation de la COMIFAC, la Commission des forets d’Afrique centrale. Pour son Secrétaire Exécutif, Gervais Ludovic ITSOUA MADZOUS «…lLa découverte des Tourbières dans nos forêts, ne peut malheureusement pas nous laisser indifférent et devrait entre autres amener à changer le paradigme, car l’implication des Tourbières dans le cycle mondial du carbone et leurs incidences sur les climats mondiaux nous interpelle à plus d’un titre. Il est donc clair, qu’il nous faut trouver une erreur devant cette ambivalence. Soucieux de mettre en œuvre les dispositions du plan de convergence de la COMIFAC relatives à la gestion des écosystèmes transfrontaliers de haute valeur en diversité biologique et dans le cadre de l’appui des partenaires à la mise en œuvre de ce plan, un réseau représentatif des sites prioritaires pour les actions de conservation et de gestion durable a été défini sur l’ensemble du Bassin du Congo. Ces sites prioritaires appelés communément en anglais « Landscape » et en français « Paysage » constituent de vastes zones relativement intactes où peuvent effectivement être menées des activités de conservation et de gestion durable en vue de préserver les ressources de la diversité biologique.
Les panels du segment techniques de la réunion
Plusieurs panels ont été animés par des experts . On peut citer entre autres l’état des lieux faits par les gouvernements et les experts locaux ; le résumé sur l’état actuel des connaissances sur l’importance des tourbières ainsi que sur des travaux en cours dans les tourbières de la Cuvette centrale ( NDLR Un des départements administratif du Congo où se trouvent les tourbières) ; Comprendre les instruments financiers et développer les options d’investissement.
Les échanges ont aussi porté sur le partage des exemples de l’Indonésie en ce qui concerne les moyens de subsistance sans drainage et de chaines d’approvisionnement, ou encore l’étude de faisabilité de compensation du carbone dans le paysage du Lac Télé ( Au Congo) et du Lac Tumba (En RD Congo).
Photo : le présidium lors de la cérémonie d’Ouverture de la réunion ( Crédit Groupe Congo Médias)