La Ministre de l’Économie forestière et du Développement durable Madame Rosalie MATONDO, s’est adressée le 28 janvier 2020 à Brazzaville, aux participants au second atelier technique du Programme de gestion durable de la faune sauvage (de l’anglais Sustainable Wildlife Management «SWM» Programme). Au cours de son allocution, la Ministre a souligné l’importance d’allier conservation de la biodiversité et développement durable, deux éléments au cœur du Programme SWM et qui sont fondamentaux à la sécurité alimentaire des communautés rurales. L’atelier, qui rassemblait les parties prenantes des 13 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique participants au programme, consistait en une étape cruciale pour la mise en œuvre de solutions innovantes et durables par les partenaires. Au terme de cet atelier Hubert BOULET, Coordonnateur du SWM Programme, s’est entretenu avec nous.
Groupe Congo Médias : Quel est le défi que le SWM Programme s’est engagé à relever globalement, et plus particulièrement au Congo?
Hubert BOULET : Des millions de gens dépendent de la viande de brousse pour subvenir à leur besoins alimentaires et financiers. Toutefois, l’augmentation de la demande en viande de brousse et la croissance démographique conduisent à une chasse excessive, ce qui menace des centaines d’espèces sauvages d’extinction.Si la chasse n’est pas réduite ou maintenue à un niveau durable, les populations d’espèces sauvages déclineront et les communautés rurales souffriront d’une insécurité alimentaire croissante. C’est ce qui est communément appelé, la crise de la viande de brousse.
En République du Congo, ce sont les populations rurales natives vivant autour de Ouesso qui sont les plus vulnérables face à ce déclin de la faune sauvage. En effet,la croissance démographique de la ville et des bases-vies forestières, couplée à l’expansion du réseau routier contribuent à l’intensification de la demande en viande de brousse. Pour faire face à la crise de la viande de brousse, le Programme SWM contribuera à la conservation de la faune sauvage, des écosystèmes et de leurs services, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie et de la sécurité alimentaire des populations qui dépendent de ces ressources.
Plus particulièrement, au Congo, le Programme SWM vise à améliorer la gestion de la chasse et de la pêche dans les concessions forestières tout en développant des sources de protéines animales alternatives dans les centres urbains et les bases-vies forestières. Le but est ainsi d’assurer la durabilité des ressources naturelles et des moyens de subsistance des populations rurales natives de Ouesso.
Groupe Congo Médias : Quelles sont, plus précisément, les activités mises en œuvre par le Programme SWM?
Hubert BOULET : Les activités du Programme SWM visent à améliorer la réglementation de la chasse de la faune sauvage, à renforcer les capacités de gestion des ressources naturelles et en particulier de la faune sauvage, des communautés autochtones et rurales,à accroître l’offre en viandes et poissons d’élevage produits de façon durable et à réduire la demande en viande de brousse, en particulier dans les villes et métropoles. Depuis le lancement du programme au Congo le 26 mars dernier, l’équipe sur le terrain a établi des bases solides pour atteindre ces résultats. Notamment, les équipes ont été formées à l’analyse de chaîne de valeur et à la collecte de données sur lesprotéines animales sauvages et domestiques. Des études sur la consommation domestique de viande provenant d’animaux sauvages, de poisson et de volailles ont également été réalisées.
Je tiens à souligner que les droits et les intérêts des populations natives et allochtones sont au cœur de toutes nos activités. Celles-ci sont mises en œuvre en respectant le Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP) des communautés, qui est indispensable à l’atteinte de résultats durables.
Groupe Congo Médias : Le Programme de Gestion durable de la faune (SWM) travaille donc sur deux thématiques, sécurité alimentaire et conservation de la faune sauvage, qui, jusqu’à très récemment, étaient perçues comme étant incompatibles. Quelle est l’approche favorisée par le Programme SWM dans la réconciliation de ces deux composantes?
Hubert BOULET : En effet, le SWM Programme est innovant de par sa mission. Il traite de la sécurité alimentaire et de la conservation de la faune sauvage de façon globale et locale mais surtout, le programme est construit autour d’une approche intégrée qui permet d’impliquer l’expertise de tous les domaines reliésà l’une ou l’autre de ces composantes. Nous considérons, collaborons et agissons avec toutes les parties prenantes (autorités nationales, producteurs, communautés) impliquées dans la crise de viande de brousse dans le but de garantir un avenir durable.
Je dois indiquer que la mise en œuvre des activités se base sur une approche de partenariatentre quatre partenaires d’expérience dans ces domaines. Le consortium ainsi formé est composé de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) et de la Wildlife Conservation Society (WCS).

Groupe Congo Médias : En quoi consistait ce second atelier technique du Programme SWM ?
Hubert BOULET : Ce second atelier technique a permis à toutes les parties prenantes du Programme SWM de se réunir pour faire le point sur les activités des six derniers mois. Mais surtout, l’atelierconstituait une étape cruciale pour la mise en œuvre de solutions innovantes et durables par les partenaires, puisque nous avons travaillé au développement de produits de connaissances. Les produits de connaissances du Programme SWM qui encourageront l’action et le changement, sont essentiels à l’atteinte des objectifs de notre programme. Ils seront basés sur le principe de la théorie du changement des huit modèles mis en œuvre dans les 13 pays du programme et seront, donc, adaptés au contexte local de chaque site. Ces différents produits prendront la forme de modules éducationnels, de guides des meilleures pratiques selon les études de cas des sites, etc. Leur développement assurera que toutes les connaissances générées par le programme seront capitalisées et utilisées de façon active par le bon destinataire. Les résultats du programme perdureront donc à travers le temps et pourront être adaptés et reproduits sur d’autres sites et dans d’autres pays.
Groupe Congo Médias : On pourrait se demander pourquoi la FAO dont le mandat principal et le développement de l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire, a été choisie par l’Union Européenne pour mettre en œuvre ce programme de conservation des ressources naturelles et en particulier de la faune sauvage ?
Hubert BOULET : Comme vous l’avez souligné, la FAO compte parmi ses missions la sécurité alimentaire des populations humaines. C’est à ce titre qu’elle a commencé à s’intéresser à la faune sauvage en s’investissant dans un premier temps sur la problématique des conflits homme-faune sauvage qui se traduisent souvent par des destructions de cultures et mettent en péril la survie des populations très fragilisées. Le programme SWM se place dans cette même logique puisqu’il vise à conserver sur le long terme la faune sauvage non seulement en tant que source de protéines, mais aussi en tant que facteur contribuant au bien-être socio-économique des populations humaines des pays concernés. Pour terminer je rappelle que le Programme SWM est une initiative du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique financée par l’Union européenne et cofinancé par le Fonds français pour l’environnement mondial.
Photo 1 : Hubert BOULET répondant a notre reporter
Photo 2 : Une vue de l’atelier
Crédit : FAO Congo/Reine BEMBA
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